« Black November » ou les enjeux de l’exploitation des mines dans un pays convoité

Article : « Black November » ou les enjeux de l’exploitation des mines dans un pays convoité
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26 juillet 2017

« Black November » ou les enjeux de l’exploitation des mines dans un pays convoité

Les larmes ne pouvaient s’estomper sous l’impulsion de ces images, ces lamentions et ces sanglots qui sont la toile de fond de ce film. Cette zone sensible que j’arrive souvent à ne pas mettre au jour a été âprement envahie. Un sentiment révoltant m’emparait sur le coup, je fus choqué. Pris dans le piège du scenario, les souvenirs de 12 years of a slave de Steven McQueen me venait à l’esprit, un des films qui provoque en moi un effet similaire. Tant de douleurs ressenties, de haines exprimées, de sangs coulés, bref tant de méchanceté, nous mettent face à des réalités consternantes. Ben je sais effectivement que c’est du CINEMA, mais cet art a cette façon typique d’organiser son langage pour nous captiver. Il nous met face à nous même tel un miroir social. L’histoire de Black November a pour moi une portée apocalyptique et de mise en garde pour la société haïtienne.

Que raconte ce film

Black November est une fiction basée sur un évènement réel, en novembre 1995 Ken Saro- Wiwa a été exécuté par pendaison pour son implication dans le MOSOP (Mouvement pour la survie du peuple Ogonie) un groupe qui luttait contre les abus commis par certaines compagnies sur les terres du peuple Ogoni. Dans cette histoire, la compagnie Shell a fait l’objet d’une plainte pour complicité qui s’est conclue avec le versement d’une somme de 15.5 millions de dollars. Le film est titré « Black November » en mémoire de cet évènement survenu en ce triste mois de nombre 1995.

Réalisé et produit par Jeta Amata, ce film met en vedette Mbong Amata dans le rôle de Ebiere Perema la militante qui défendait sa communauté ravagée par un gouvernement corrompu pour sauver les terres d’une destruction par des forages et des déversements de pétroles excessifs dans le Niger. Elle a été arrêtée puis condamnée à être pendue. En quête de justice, une organisation rebelle rentre aux Etats-Unis et kidnappe un baron du pétrole et exige que sa compagnie cesse l’exécution. En manipulant les medias, le Département d’Etat américain feint la libération Ebiere Perema alors qu’elle a été exécutée comme prévue. Dans ce long métrage de l’industrie du cinéma Nollywoodienne d’un grand pactole on aperçoit la présence des stars tels que : Akon, Wyclef Jean et les acteurs vedette Sarah Wayne, Kim Basinger, Mickey Rourke etc.

 

Une fuite dans les tuyaux qui provoquent l’envahissement du pétrole sur les terres cultivables

 

Ingérence et manœuvres corruptibles des compagnies

L’Etat Haïtien n’a pas la capacité technique, humaine et économique pour procéder à l’extraction de nos ressources minières, nous serons obligés de dealer avec les magnats de l’industrie minière , il y en a qui ont déjà injecté une grande quantité d’argent dans des forages. Même si l’on parvient à cacher les principaux rapports des études de prospection géophysique faites depuis la moitié du XXe siècle, il est un fait avéré qu’une bonne partie de la population soit au courant du fait que le fait que nos sous-sol regorgent de ressources naturelles. Il existe toute une machinerie mise en place pour détourner l’attention sur cette question, malgré le grand heurt crée par un groupe de sénateur de la 49eme législature pour faire obstacle aux désirs fervents du gouvernement Lamothe et de certaines entreprises pour modifier la législation sur les mines. Malheureusement on n’a pas constaté une agitation de cette question auprès de la population, elle est restée dans cet état léthargique dans lequel elle se plait si bien on dirait.

La plupart de ces puissantes compagnies sont prêtes à tout pour maximiser leurs profits, n’oublions pas qu’on parle d’un secteur qui génère des sommes d’argent importante, ils n’auront aucun gène à profiter de la faiblesse de nos institutions et de la cupidité de nos représentants comme nous le démontrent les scènes de ce film. Les mouvements civils seront étouffés par l’injection de beaucoup d’argents, les forces armées et policières commettront les pires des exactions sur la population. N’en parlons pas des conséquences écologiques, l’exploitation des mines n’est pas sans effet sur l’environnement et la santé des populations aux environs des sites, elle vient avec son caravane de malheur : pollutions des eaux, drainage d’acide, perte de la biodiversité, malformation génitale, infection cutanée etc.

Haïti est-il prêt pour l’exploitation ?

Ainsi formulée, cette question peut générer énormément de désaccord, certains vous diront quand est ce que Haïti va être prêt ? Ou d’autres argueront que si l’on se préoccupe à attendre d’être prêt, absolument rien ne se fera dans cet espace chaotique. Là-dessus, c’est tout un débat. Haïti n’a pas une très bonne expérience avec l’exploitation dans le passé, nous n’avons pas encore de grands chantiers d’exploitation mais des informations révèlent que dans certaines zones, des extractions se pratiquent d’une manière qui frôle le clandestin. Les ressources du pays ne doivent plus contribuer à enrichir illicitement des entreprises et des rapaces pendant que la majorité de la population sont en agonie. Sans des institutions fortes, des hommes responsables, l’exploitation sera un gâchis total. Elle ne fera qu’alimenter les conflits et renforcer les inégalités sociales. L’exploitation doit être dirigée par une éthique environnementale centrée sur la nature prenant compte les limites des ressources disponibles, les générations futures et l’impact sur la biodiversité.

Une prise sur l’exploitation de l’or en Haiti.
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