Peterson Antenor

Mon bras fantôme

Le mardi 12 janvier 2010 Haïti a connu la pire catastrophe de son histoire, trois départements sont sévèrement touchés, on a recensé plus de 300.000 pertes en vie humaines, les dégâts ont été très lourd. Fedya était dans son école quand elle a senti le bâtiment craquer sous ses pieds, elle a survécu mais un de ces bras a été enfermé sous une poutre de béton. Depuis, elle ressent son bras fantôme.

source: TPE seisme-E-mon site
Hmm… ce mardi…

Les années, on dirait, n’ont pas réussi à me défaire des souvenirs qui me calcinent. Ce jour a totalement déboité ma vie. Le sourire hilare qui animait mes humeurs a laissé place à ce faciès terne. Que de peine j’ai enduré. La présence de ma mère me réconfortait, elle savait bien comment accorder les notes de ma vie pour y mettre l’harmonie. Peu à peu, j’ai essayé de récoler les morceaux, m’ouvrir vers d’autres horizons. D’autres projets étaient en vue, il fallait reconstituer une vie écartelée, un corps, un esprit morcelé. Chaque jour, je me heurte à l’évidence de reconstituer l’image que j’avais de moi. Un de mes bras s’est broyé sous les effets saccageant des décombres de mon école. Je ne suis plus la même physiquement pourtant, je ressens toujours mon bras bouger. Je le vois, je le ressens toujours.

 

Ce drame ne mérite pas que je m’attarde dessus, même si au fond, je pense qu’il sera utile d’en parler à chaque fois que l’on ressent ce poids crisper l’estomac. Peut-être ainsi, l’on pourrait donner voix aux souffrances enfouies en nous. Je préfère faire ce survole, pas parce que je ne sens pas le courage, mais pour épargner à d’autres ces souvenirs qu’ils ont réussi à écarter, à reléguer au rang de l’oubli. Nous n’avons pas tous, la même force de résistance face à l’adversité. Certains d’entre nous étaient déjà très fragile affectivement et émotionnellement, d’autres se sont laissés emparer par l’effroi de cette misère funeste. Ils sont des milliers, parmi ceux qui ont survécu, qui ont été totalement anéantis. Je pense à Mireille, la nièce de mon père, qui a sombré dans la folie errant dans les rues de la ville. Heureusement, je suis de ceux qui luttent contre cet anéantissement, j’ai perdu mon bras mais je veux garder mes espoirs.

 

Je vois et ressens mon bras

Prendre le risque de vivre, c’est accepter de ne pas prendre la poudre d’escampette face aux expériences malencontreuses. Depuis après avoir subi cette intervention des médecins étrangers, dont je doute encore de leur expertise et de leur bonne foi, je vois et ressens toujours mon bras. Sa présence se manifeste par des douleurs terribles, parfois il m’arrive d’essayer de le lever en l’air pour qu’il accompagne l’autre dans son mouvement. J’ai même l’habitude de me relever la nuit et essaie d’attraper quelque chose avec mon bras amputé, ce n’est qu’après je me rends compte que c’était son fantôme. Les nuits qui ont suivi cette catastrophe ont été interminables, je n’arrivais pas à fermer mes yeux. Seule à ma mère, j’en parlais. Je ne prenais pas le risque d’en parler à une autre personne de peur qu’elle mette en question mon équilibre psychique.

 

Avec le temps, j’ai fini par sortir petit à petit de mon mutisme, j’ai décidé d’en parler à quelques personnes que je rencontrais, il y a parmi eux qui ne m’ont jamais compris, d’autres me disent que c’est normal et que j’allais toujours ressentir cette douleur. Alors, j’ai appris à vivre avec en pensant que je n’y pouvais rien.

 

Ma mère a entendu parler d’une institution qui facilitait l’acquisition de prothèse pour mettre à la place de mon bras. Ce bras de poupée géant, comme je l’appelle, ne m’a jamais fait bonne impression, à mon bras fantôme aussi ; parce que je ne me suis jamais senti à mon aise en le portant. Je m’en suis servi que quelque rare fois. C’était comme s’il y avait un conflit de titan entre mon bras fantôme et la prothèse, donc j’ai mis celui-ci dans un coin pour ne plus contrarier mes jours.

 

Une affaire d’image corporelle

Je doutais bien du pouvoir de cette boite noire qui devient de plus en plus lumineux avec les recherches scientifiques actuelles. Je ne sais pas d’où est sorti ce jeune homme pour venir s’entretenir avec moi au sujet de mon bras fantôme. C’était un samedi après-midi d’un week-end surchauffé par une ambiance de carnaval, je me trouvais à l’institution où se tient notre rencontre habituelle. Je fais partie d’une association de femme vivant avec un handicap. Lui, j’ignore ce qu’il était venu faire, je pense qu’il est un habitué de la maison. Sans aucun gène, ce qui m’a un peu surprise, il m’a questionné à propos de mon bras. Peu d’inconnu n’ont eu le courage de faire ça, souvent il me parle avec ce regard plein de pitié, c’est comme s’ils ne pouvaient pas trouver les mots justes. Il y a des rencontres qui jouent le rôle d’un effet de contre-séisme. C’est ainsi que je conçois cette rencontre avec Luc. Il est la première personne, après ma mère qui n’a pas un handicap moteur mais qui comprend avec ferveur ce que je sens. Il a mis un mot à ma souffrance : «  les douleurs fantômes », moi qui parlais de bras fantômes.

source: Haiti Press Network

En effet, il a pris le soin de m’expliquer que c’est normal les douleurs que je ressens, mais il a soutenu que c’est possible qu’elles disparaissent définitivement. D’après, lui c’est mon cerveau qui est à la base de tout ça, celui-ci cartographie l’image corporel dans des zones spécifiques. Comme ça, il propulse à travers les systèmes nerveux les messages à nos sens. Ce qui arrive avec mon cerveau me, laissait-t-il comprendre, c’est qu’il n’est pas encore arrivé à reconstruire une nouvelle image de mon corps. D’où l’explication de la présence des douleurs fantômes. La psychomotricité s’est intéressée à ce problème ; ce qui a donné lieux à des interventions aux effets prodigieux. Luc, m’a donné le contact d’un centre spécialisé pour les amputations où on paie seulement un prix symbolique vue le résultat de leur intervention. Au bout de trois mois de thérapie, je commence à ne plus apercevoir, ni même sentir mon bras fantômes et les douleurs ne sont plus présent.

Je m’étais tellement habitué que des fois mon bras fantôme me manque, je me croyais tellement diffèrent. J’ai réussi à me servir de la prothèse, j’ai comme l’impression de retrouver mon bras. Avec Luc, cela se passe à merveille, on a tellement de projet ensemble.

 

 

Source: Handicap International


Haïti encore plongé dans l’aide l’humanitaire

L’humanitaire, un concept en temps de crise qui procure de l’espoir, celui de pouvoir s’abriter, avoir un plat chaud, de l’eau à boire, la possibilité d’avoir un peu de temps pour respirer, laisser passer le temps. D’habitude, le temps sait bien comment s’y prendre. Mais l’humanitaire  fait peur aussi. Rien qu’à l’entendre, cela provoque des frissonnements sans pareil. Souvent, derrière cet élan d’humanisme manifesté par des actes ponctuels, se cache une grande tendance à la corruption, une envie de faire fortune au détriment des victimes.

 

Nous en faisons l’expérience depuis des décennies et l’échec constaté est cuisant. Il a fallu le tremblement de terre du 12 janvier 2010 pour donner la preuve flagrante que l’aide extérieure ne pourra nullement nous sortir de ce triste chaos. Des promesses fallacieuses ont été faites, des millions ont été mal dépensés, une bonne partie aussi détourné, les soi-disant experts internationaux n’ont pas su quelle méthode appropriée appliquer à notre situation, certaines ONG en ont profité pour faire leurs débuts. Et tout ça s’est soldé par une catastrophe. Haïti est devenu un «  cimetière de projet » selon l’expression de Ricardo Seitenfus Plus de 6 ans après, les changements espérés ne se montrent pas, et ne se montreront peut être jamais. Nous avons cessé de nous bercer d’illusions.

Avec le passage de l’ouragan Matthew, l’humanitaire en Haïti refait surface. L’ouragan a laissé derrière lui un bilan très lourd. J’ai été pris au dépourvu en m’informant sur les divers impacts qu’il y a eu, comme après le tremblement de terre cloîtré dans mon réel, j’ai minimisé ce cri de la nature. Selon moi, ce n’était pas grave. Demain le cours normal des choses reprendrait. Mais, encore une fois ma perception des choses a été fausse. Matthew, selon les autorités, a fait plus de 388 morts, déplacé plus de 25 000 personnes et endommagé des centaines de maisons. Il a aussi causé une résurgence des cas de choléra. Ne parlons pas des plantations et des bétails des habitants de trois départements les plus touchés, à savoir les Nippes, le sud et la Grande Anse.

Récupération politique de la catastrophe

En pleine campagne électorale, certains candidats en profitent pour faire de l’aide un instrument politique. C’est ainsi que dans les centres d’hébergements, certains sont venus distribuer de l’eau, des kits alimentaires, des plats chaud. D’autres en font de la propagande avec du matériel disponible, mais surtout avec un certain mépris pour la dignité de ces personnes. On voit tous les photos à travers les réseaux sociaux : comme s’il fallait être candidat à la présidence, au Sénat; ou au je ne sais quoi encore, pour apporter son appui à des concitoyens qui sont en grande nécessité.

A l’extérieur aussi, la diaspora haïtienne et d’autres citoyens étrangers conscients des besoins pressant de ses communautés commencent à se mobiliser pour voir comment aider. Mais, cette fois-ci l’aide apportée doit réellement trouver les personnes touchées par les intempéries. Elle ne doit pas participer à enrichir quelques acteurs étrangers ainsi que nos hommes politiques. Le malheur des victimes ne doit pas faire le bonheur de quelques-uns. Cette assistance ne doit pas nous être mortelle.

Quelques photos temoigant de cette situation:

 

image-2
www.lemonde.fr

 

Une foule qui attend une distribution
www.scoopnest.com

 

Un bateau qui apporte de l'aide
www.voixdunord.com


Haïti : sortir du discours spécialisant

Haïti : sortir du discours spécialisant

Une lecture qui donne une lecture contraire à  l’article de l’économiste Etzer S. Emile.

 

Nombre d’entre nous, pour caractériser la situation que nous vivons, peut-être par pure ignorance ou déficit d’argument, ou plutôt pris dans le flot du discours facile, qualifient Haïti de « pays spécial ». Je fais face à cette catégorisation maussade partout où je me trouve, dans mon quartier en échangeant avec les amis, à l’université, dans les rues, sur les médias sociaux, partout. J’ai même lu un article de l’économiste Etzer Emile, publié le 14 Septembre dans les annales du quotidien le National, qui fait de ce « discours spécialisant » notre trait distinctif. J’en fait une toute autre lecture.

Ce qui se trame en Haïti a l’air d’abasourdir tout le monde. Le désarroi s’amplifie dans les cœurs au point de voir ses tentacules sur nos visages, dans la manifestation de nos comportements et dans nos discours également. La société entière est en pleine hypnose, la conscience collective semble altérée depuis je ne sais quand déjà. Et on est là, on vit, on rit, on danse et… on périt.

Absolument tout dans ce pays va mal. Nous sommes en pleine crise post-électorale où le gouvernement en place a mis en branle la machine électorale pour espérer reprendre les rails de la légalité le 9 octobre prochain. Une autre élection va prendre place dans notre annal historique. Aura-t-elle les mêmes caractéristiques que les élections que nous organisons depuis des décennies ? Je me dois d’être patient, mais l’avenir, me paraît-il, ne présage rien de bon, tenant compte des vagues de violences déjà orchestrées dans cette période de campagne et le désintérêt de la population à y prendre part.

La hausse continuelle des prix et la dépréciation de notre monnaie donnent quelques indices de la situation qui touche plus de quatre millions de compatriotes qui vivent dans l’extrême pauvreté. Et, comme si tout ce que nous vivons n’était pas assez, nous devons nous préparer à accueillir, dans les prochaines semaines, les centaines d’Haïtiens que le gouvernement de Barack Obama va déporter (New Haitian migration route takes treacherous 7,000 route to U.S. …). Malgré cette situation d’une grande précarité, notre finance bancale supporte des parlementaires qui ne travaillent pas, pour bénéficier des privilèges pompeux que leur offrent les différentes taxes de la population. La majorité d’entre eux ne respectent pas les devoirs de leurs fonctions et ont tendance à faire des actes que nous pourrions qualifier d’abjects pour bénéficier d’un peu plus d’avantages.

Arguer que Haïti est un « pays spécial », c’est participer à renforcer l’isolement que nous subissons depuis notre indépendance. Après la raclée du XIX siècle donnée à l’armée esclavagiste, nous avons été exclus, car nous étions, pour eux, une menace, un défi. Endosser ce discours, c’est aussi appuyer les mesures dites « spéciales » que la communauté internationale applique à nos élections. Rappelons-nous, en 2006, de l’épisode des fameux votes blancs qui ont été comptabilisés. Ce « discours spécialisant » peut bien être à la base de la défaite cuisante de cette « communauté ». Ne sachant pas toujours comment s’y prendre avec nous, elle discute, propose et ratifie avec notre nation comme un pays à part. Ce discours ne tend pas seulement à influencer nos rapports avec l’international, mais aussi ceux que nous entretenons entre Haïtiens. Si nous nous montrons en accord avec le fait que nous sommes spéciaux, cela induit une acceptation de notre situation, c’est exactement ce qui se passe actuellement.

Il y a de ces formes d’expressions, de ces manières de se représenter les faits, des tendances, des mouvances ou des expériences que nous vivons auxquels il nous faut prêter une attention particulière avant de les endosser ou de vulgariser. Les mots ont cet effet si puissant qu’après les avoir prononcé, ils ne nous appartiennent plus.

Nous vivons au temps de la dictature de la parole, partout la parole s’impose comme source de vérité absolue. Les médias de masse, les réseaux sociaux, nos rapports quotidiens sont dominés par l’imposition de la parole. Paroles superflues allant jusqu’à la supercherie, paroles à effet catalyseurs révélatrices de bonheur, paroles insolentes aux effets destructrices. Paroles, paroles, paroles.

Ce discours ne nous aidera en rien à sortir du bourbier où nous sommes. Au contraire, cela renforce le statu quo. Notre psychologie collective est déjà parsemée de ce genre de discours très peu incitatif (depi nan ginen nèg pa konn vle wè nèg), qui nous condamnent dans cette forme de résignation maladive (Pito m lèd m la), qui ébranle notre identité et nous présente comme inférieurs (lèd tankou afriken).

Notre asthénie collective est due à cela. Personne n’ose lever le petit doigt, comme nous sommes soi-disant spéciaux nous restons avec notre « spécificité » à attendre la venue d’experts étrangers pour nous aider.

Nous devons faire une rupture avec ce genre de discours, cela nous permettra d’aller plus au fond de notre raisonnement. Haïti n’a rien d’un pays spécial, je ne crois pas qu’il en existe un d’ailleurs. Comme je l’ai déjà mentionné dans un de mes précédents billets, nous sommes juste une jeune nation en quête de perspective qui a essayé et essaye encore, malgré vents et marées, de se frayer un chemin pour assurer sa place dans l’histoire de l’humanité.


La mer et moi : un vif paradoxe

De loin, l’horizon se dessine dans cette confluence bleutée. Mer et ciel se confondent. En s’approchant, on constate le tour perceptif que nous joue la vision avec la complaisance de cette magie naturelle. Au creux de ses abysses, la vie se conserve. Et se perd aussi.

Cette immense étendue d’eau salée qui nous entoure de partout m’a toujours intrigué depuis l’enfance. Je n’ai jamais compris comment elle pouvait être si vaste et salée à la fois. J’ai beau croire à des histoires venues çà et là, différentes les unes des autres, les unes contredisant les autres. Mais tous nourrissant mon imagination.

Je suis né dans une ville côtière, cohabitant avec la mer. Les souvenirs me viennent encore de l’époque où la mer vrombissait au petit matin et aussi chaque après-midi sous l’effet de la cadence naturelle. Depuis quelques années, ce chant naturel s’est estompé sans qu’on sache trop pourquoi. Comme beaucoup de choses d’ailleurs qui ont changé dans cette ville. Jacmel n’est plus la même.

Enfant, se baigner à la mer était notre grand interdit. La plupart des parents haïtiens adoptaient ce point de vue. C’était pour notre protection bien sûr, d’ailleurs eux-mêmes ne savaient pas nager. Je me demande toujours d’où vient cette peur bleue de la mer ? Peut-être, comme disent certains, que c’est à cause de la longue traversée venue de l’île de Gorée ? Qui sait. D’un autre point de vue, c’est peut-être lié à la présence de « mèt agwe », divinité qui règne sur la mer dans la croyance vaudou ?

La mer et moi, nous avons une histoire mitigée : entre bonheur et tristesse, désir et folie, émerveillement et désespoir. Comment oublier ces promenades du bord de mer les après-midis, les mensonges que nous fomentions pour nous réfugier dans les profondeurs des eaux du Wharf touristique de Jacmel, l’accueil ardent des plages lors de nos journées entre amies, les poissons boucanés, la bière, le sexe, etc., les voyages d’été en famille sur les petites embarcations à Belle-Anse pour nos vacances ?

Et un jour, que dis-je, dans le silence de cette nuit du 3 mars 2001, il y a eu ce naufrage. Ma mère et ma sœur s’y trouvaient à bord. Leurs corps entrelacés ont été aperçus flottants, voguant comme une frégate abasourdie. Sans vie. Emportés vers l’horizon. On ne les a plus revus. Et depuis, face à la mer, j’ai cette sensation ambivalente. Parfois, j’ai envie de la maudire avec toutes ses vies donneuses de mort. Pourtant, près d’elle, accompagné du silence et de la caresse d’une brise, je sens leur présence. A chaque fois que les vagues viennent se perdre sur le rivage, c’est comme si je recevais un message de leur part que je devais interpréter. Voilà mon paradoxe.


Les réseaux sociaux favorisent-ils la domination de l’automatisme sur la pensée reflexive?

C’est extraordinaire de voir à quel point le monde a évolué en matière de communication. Finit le temps des télégrammes, des messages de bouche à l’oreille, des « kout lanbi » pour faire passer un message à distance. Tout cela, grâce au développement des Technologies de l’Information et de la Communication (TICS). Il est question maintenant d’échanger des messages/photos/mails sur Facebook, Twitter, Whatsapp, etc.

Ces outils ont complètement modifié notre comportement vis-à-vis de l’autre, on a tendance à se sentir plus connecté en vivant ensemble nos quotidiens. C’est de nos jours courant de voir une personne nourrir une relation amoureuse ou amicale avec quelqu’un se trouvant à l’autre bout de monde. En un laps de temps, on peut partager des moments immortalisés par un selfie avec la personne de son choix via le téléphone portable. Les informations aussi circulent à une très grande vitesse, nous n’avons pas besoin d’être accrochés à notre poste de radio ou même attendre la venue du facteur pour nous apporter les journaux ; tout se fait par Internet.

Ces réseaux sociaux influencent nos comportements observables, le téléphone n’est plus cet outil nous permettant de dire Allô au bout du fil, avec les nouveaux gadgets l’accès nous est donné à de nombreux services. D’où, l’une des causes de leur prolifération. Je me permets de poser la question de savoir si leur utilisation ne modifie pas aussi notre processus cognitifs qui tend à traiter les informations que nous assimilons ?

Ralentissement de l’inhibition

L’observation et l’auto-observation des effets dus, au fait que nous conversons constamment sur les réseaux sociaux  m’amène à procéder à des remarques qui sont sujettes à des approfondissements. WhatsApp ou encore Facebook, Snap Chat ; en bref toute la famille favorise le ralentissement voire le blocage de l’inhibition. Ce dernier est un mécanisme cognitif qui, selon Olivier Houdé, sert de relais entre les systèmes heuristique et algorithmique. Ses recherches visent à proposer l’apprentissage de l’inhibition pour éviter les erreurs et les automatismes. Le constat flagrant que j’arrive à faire, c’est la domination de l’automatisme sur la pensée réflexive dans nos échanges sur les réseaux sociaux.

La rapidité et la facilité avec laquelle les messages sont expédiés, la sensation d’être plus proche, la tendance libertaire de mettre à jour des désirs et impulsions enfouis, l’impatiente attente des réponses venant des personnes avec lesquelles nous conversons, le fait d’être confortable derrière son clavier crée l’envie de tout se permettre. Ces éléments font que parfois nous sommes dominés par l’automatisme. Ce qui tend à déranger nos conversations et les rend tachées d’un désintérêt apparent.

L’enjeu

Cet automatisme favorisé par les réseaux sociaux peut avoir des incidences notables dans les rapports et les valeurs qui nous lient, principalement les limites que nous nous établissons. Cependant, celle qui est la plus alarmante c’est le risque de permettre à l’idiotie et l’irrévérence de prendre le dessus dans nos échanges.

L’importance de l’inhibition derrière le clavier

L’inhibition nous permet de passer d’un mode de traitement cognitif marqué par la spontanéité, les impulsions automatiques qui dirigent notre pensée à un mode logique et rationnel. Celle-ci nous élève à la dimension de l’intelligence humaine qui selon le psychologue Houdé, consiste à apprendre à résister, c’est-à-dire à inhiber le système des automatismes pour activer celui de la logique.L’inhibition derrière notre clavier de téléphone nous permettra de converser (chat) tout en conservant la dominance de la logique sur notre discours pour ne pas laisser aux automatismes de prendre le dessus. Aussi, elle facilitera d’être attentif, de communiquer réellement afin d’éviter d’être totalement absent tout en écrivant.

Peterson Anténor

 


Haïti : Les malades mentaux pris en dérision

L’homme est un être complexe et à la fois unique. Esprit et corps. C’est sous ce dualisme que consiste l’appréhension de l’être. Cette dialectique est à la base de notre comportement et donc détermine notre vie dans le milieu social. Lorsque le fonctionnement de l’un ou l’autre prend le dessus, est-il possible de perdre notre état d’homme ? Que peut-on faire pour préserver, récupérer, réhabiliter l’homme en situation de le perdre ?

Il est accablant, vraiment c’est le mot, de constater la manière dont beaucoup d’entre nous méprise des familles, amis ou encore des gens que l’on a connu, qui à un moment de leur vécu n’ont pas su par quel processus sortir d’un traumatisme ; n‘ont pas eu le support nécessaire pour passer outre d’une période marquée par de grande tension psychologique. Notre vie en est jonchée, donc nous sommes tous à risque ! Nous risquons tous un jour vivre une crise d’angoisse, une situation anxieuse persistante, une bouffée délirante, un état de stress post-traumatique et un tas d’autres états pathologiques que le rapport avec soi et à l’autre produit dans la société.

Notre Haïti d’aujourd’hui stigmatise, discrimine ceux que l’on appelle couramment et ignoblement les «  fous », ils ne sont pas pris en charge considérablement ; ce qui explique le fait qu’ils ne se récupèrent presque jamais. Il existe seulement deux centres psychiatriques publics très mal équipés pour tout le pays et environ huit cliniques privés. La majorité d’entre eux se trouvent dans le département de l’ouest. Les personnes dont les causes de leur pathologie sont attribuées à des maléfices d’un « sorcier », et que par maintes tentatives de traitement chez le  houngan  n’ont pas pu se récupérer ; ceux, par faute de moyens économiques d’informations ou encore de structures d’accueil ne peuvent pas pratiquer un internement sont retrouvées gambadant à travers les rues dans un piteux état. Habillés souvent d’haillons, les cheveux décoiffés, le regard complètement vidé, certaines fois à moitié nus. En bref, en situation de sous-homme.

Voilà comment on rencontre souvent ces gens qui sont doublement victimes d’une société qui, à fois produit les mécanismes de troubles par sa structure même et d’un autre coté ne fait rien comme acte thérapeutique de sorte que ces gens-là puisse fonctionner normalement. L’ethnopsychiatre Georges Devereux l’a si bien illustré en avançant que le pathologique est culturel.

Sur ce point, et sur bien d’autres encore, notre société est tellement deshumanisante – suicidaire même – qu’elle provoque l’aggravement de leur pathologie mentale. On a l’habitude d’entendre dire qu’à Jacmel par exemple, si vous avez quelqu’un qui est en plein crise psychologique, vous devriez l’enchaîner pour qu’il ne sorte pas dans la rue ; sinon vous allez le perdre. Cette allégation trouve tout son sens, dans le comportement moqueur et antipathique de certains dans la ville à l’égard des malades mentaux. Quelques minutes passées en compagnie d’eux sont prises comme une parodie, une ambiance de moquerie collective, un moment pour rire à gorge déployé des contenus de leurs hallucinations et de crises délirantes, de l’incohérence qui émane de leur discours, ou encore de leur fuite de la réalité, de leur mégalomanie. Certains ont tendance parfois à leur donner de l’argent pour stimuler leur engouement ou pour s’offrir leur petit service.

Pourtant ces personnes-là sont des humains qui méritent le soutien de tous, allant des parents aux autorités concernées. C’est sinistre de voir à quel point l’humanité est périssable avant même la mort. La psychologie peut bien aider à cet effet. Une psychologie qui tient compte des croyances culturelles de la population, c’est l’enjeu déterminant d’une cure chez nous, la culture. Pour les aider à se réhabiliter, Il nous faut la mobilisation de tout un arsenal de professionnels impliquant psychologues, psychiatres, travailleurs sociaux etc. Ce qui produira un changement de comportement de toute la société vis-à-vis des malades mentaux.

Peterson Anténor


Haïti : nos enfants, notre avenir

Etre enfant en Haïti, c’est comme se trouver au fond d’un précipice et crier en vain à l’aide au moindre bruit. Le bon samaritain prend du temps pour apporter secours. Telle est ma façon caricaturale de présenter la situation des millions d’enfants Haïtiens. Ils ne sont pas épargnés de la pauvreté absolue dans laquelle patauge 78% de la population haïtienne. Estimé à environ 4.211.000 (selon un rapport de l’UNICEF) soit 44% de la population, les enfants font face à des problèmes tels que : la prostitution, la précarité, le phénomène d’enfant de rue, le trafic d’enfant vers les pays étrangers (notamment la république voisine), bref le non-respect strict de leurs droits fondamentaux. Il est urgent de trouver des solutions.

Malgré l’effort consenti, les divers organismes concernés (étatiques et non-gouvernementaux) n’arrivent pas toujours à mettre en œuvre les stratégies nécessaires pour améliorer la condition de vie de ces enfants qui vivent dans la pauvreté absolue (4 enfants sur 10). Pallier aux problèmes d’accès aux soins de santé, de logement, d’accès à l’eau potable etc. Selon le dernier rapport de l’UNICEF environ 380.000 enfants âgés de 6-11 ans ne fréquentent pas l’école, et 38% des enfants âgés de 7 à 18 ans n’ont jamais été à l’école. Ces données illustrent l’état d’urgence dans lequel est l’Etat haïtien, et pour éviter que cela n’empire il faut que l’Etat et ses différents partenaires décrètent l’état d’urgence.

Quant est ce que l’on est enfant et quelle est la conception haïtienne de l’enfance ? La convention relative aux droits de l’enfant stipule dans son article premier « un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plutôt en vertu de la législation qui lui est applicable ». Dans cet ordre d’idée, l’enfant est vu comme un être vulnérable qui a besoin d’une protection particulière et donc, de droits particuliers propre à lui. Mais la conception haïtienne de l’enfant est contraire aux principes élaborés dans cette convention dont Haïti est pourtant l’un des Etats parties. Nous ne sommes pas encore imprégnés du « sentiment de l’enfance ». A travers nos pratiques et nos représentations, l’enfant est vu comme le fruit d’un investissement à long terme, une sorte de béquille quand les parents ne peuvent plus se prendre en charge « timoun se byen malerèz ». Ou plutôt comme étant un animal « timoun se ti bèt », c’est-à-dire qu’ils ne détiennent pas la capacité de raisonner par eux mêmes pour prendre conscience de leurs actes et pour participer aux décisions qui les concerne. Le titre ‘’Nos enfants, notre avenir’’ est un clin d’oeil à l’assertion de Freud « l’enfant est le père de l’homme ». Autrement dit, les enfants d’aujourd’hui sont les hommes de demain, donc il faut réellement prendre en compte leur développement psychosocial pour qu’ils développent leur pleine potentialité.
Je vais faire en sorte tout au long de ce texte de proposer des idées qui pourraient déboucher sur des pistes de solution à la situation des enfants en Haïti.

Vers le renforcement de la capacité des institutions et services de protection de l’enfant

L’organisme responsable des politiques publiques de l’Etat en matière de protection de l’enfant, l’Institution du Bien Etre Social et de Recherche (IBESR), n’a pas les moyens nécessaires pour prendre en charge cette catégorie sociale. A en croire les responsables, moins de 10% du budget de la république est alloué à l’enfance, ce qui s’avère être très peu compte tenu du nombre d’interventions que leur situation requiert. L‘IBESR doit absolument élargir son domaine d’intervention afin de jouer pleinement son rôle de garant des droits de l’enfant.

Ainsi, il pourrait par exemple agir pour réguler les orphelinats qui pullulent dans le pays et veiller à ce que les adoptions soient effectuées en respectant le processus adéquat en matière juridique. La promotion des droits de l’enfant doit s’étendre sur tout le territoire, et pour ce faire l’institut doit avoir les moyens nécessaires. Etant donné que « la justice sans la force est impuissante », cette démarche s’inscrirait d’un commun accord avec la Brigade pour la Protection des Mineurs (BPM). Mais pour se faire, ce corps spécialisé de la police nationale doit se renforcer (en effectif et aussi en matériel).

Changer la condition de vie des familles

La famille c’est l’espace idéal qui favorise le bien-être et le développement de l’enfant, c’est son lieu d’épanouissement naturel, c’est pourquoi la convention relative aux droits de l’enfant exige qu’aucun enfant ne soit séparé de ses parents (sauf en cas de décision des autorités judiciaires). Comment parler de bien être si les familles souffrent de chômage longue durée ? Comment penser au développement intégral de l’enfant si 53% des ménages sont déchirés et dirigés par des femmes seules dans l’ensemble du pays ? La pauvreté, l’absence d’initiative des autorités sont les facteurs déterminant du déchirement du lien familial. Livrés à elles mêmes, certaines familles, notamment les nombreuses familles monoparentales, se trouvent dans l’incapacité de subvenir aux besoins de leurs enfants. Une des conséquences évidentes : elles perdent l’autorité qu’elles devraient exercer sur eux. Le chômage de longue durée détruit les liens humains et familiaux, il faut donc que l’Etat haïtien crée plus d’emplois à travers des investissements publics, privés et étrangers, cela doit être sa priorité absolue. Ensuite l’Etat devrait mettre en œuvre la construction de logements sociaux adéquats. Aussi, des campagnes pour la promotion de la famille et la préservation des valeurs familiales s’avèrent nécessaires pour le plein épanouissement des enfants.

L’éducation gratuite et obligatoire, une réalité

L’enfant, pour mieux s’imprégner des valeurs de la société, a besoin d’être éduqué, un processus qui commence dès son premier cercle de socialisation qui est la famille. Après, en devenant plus apte à l’apprentissage et à la reflexion, c’est le chemin de l’école qu’il empruntera. La Constitution haïtienne, dans les articles 32-1 32-3, déclare que l’éducation primaire est gratuite et obligatoire. Il est en temps d’en faire une réalité. Tout d’abord, il est nécessaire de construire plus d’infrastructures scolaires à travers le pays, ensuite il faut participer à la formation des maîtres. Une politique efficace en matière d’éducation ne doit pas se résumer à construire des locaux éparses sans réelle structure organisée ni cadres formés et donc compétents. La construction des écoles doit être pensée en fonction des différentes zones géographiques du pays afin de réduire les inégalités, il est nécessaire de réduire le fossé entre le nombre d’enfants non scolarisés dans les communautés rurales et les enfants scolarisés dans les villes grâce à la proximité et donc à l’accès aux écoles.

Lutter contre le trafic d’enfant, la domesticité et la prostitution de l’enfant

L’enfant haïtien ne se heurte pas seulement à une vie précaire, aux incessants problèmes familiaux et à la défaillance de notre système éducatif. Les enfants sont aussi confrontés au trafic d’enfant, à la domesticité et à la prostitution. Face à cet état d’alerte, il nous faut mettre la force publique en mouvement. L’assemblée nationale a un rôle déterminant à jouer pour la ratification des différents traités et conventions en faveur des enfants. Il en reste quelques-uns dans les tiroirs…  La justice et les forces de l’ordre doivent s’occuper du contrôle de nos frontières pour empêcher le trafic d’enfant. Des brigades ou patrouilles policières doivent surveiller les boîtes de nuit et les coins de rues réputés pour la prolifération de la prostitution enfantine.

En somme, procéder à l’amélioration des conditions de vie des enfants en Haïti demande de formuler des stratégies conjointes entre L’Etat et divers autres secteurs. Les enfants méritent d’être au centre du débat autour de la construction de cette nouvelle société. Les connaissances sur leur développement doivent être vulgarisées et diffusées avec des campagnes de sensibilisation qui prendraient en compte plusieurs axes, particulièrement celui du planning familial. En effet, pour qu’un enfant soit accueilli dans les meilleures conditions pour son futur développement, les couples doivent instaurer un nouveau comportement : avoir un enfant devrait être un acte réfléchi et planifié.

Peterson Anténor


Explique-moi les élections

Cher correspondant, bonjour,

D’habitude c’est avec beaucoup d’empressements que je me jette sur mon stylo et du papier pour te répondre. Mais, cette fois-ci, il m’a fallu du temps. Je devais en prendre avant d’aborder ce sujet. Loin du fait que je sois parmi ceux qui donnent leur langue au chat quand il s’agit de se prononcer sur les questions portant sur la corruption, des crimes politiques ou bien des élections dans ce cas précis.

Juste avant d’aborder quelques éléments en termes d’explication de l’interrogation avec laquelle tu as conclu ta dernière lettre. Laisse-moi t’avouer que je n’ai jamais saisi la logique des élections ici en Haïti ; à chaque fois c’est la même histoire qui se répète. Il est vrai que je suis très jeune, mais j’ai suivi de près trois d’entre elles. Normalement dans un régime démocratique des élections libres et honnêtes sont nécessaires pour renouveler le personnel politique, cela renforce les institutions démocratiques. Ici, j’ai rien vu de renforcement moi. Au contraire, après chaque élection, de nouvelles crises viennent s’ajouter à notre lot de malheur pour compliquer encore plus notre situation de vie.

Tu sais, la souveraineté de notre peuple est toujours bafouée à travers ses élections, les trois quart du budget dépend de l’aide international qui passe par certaines ONG. Pour les dernières élections, c’est le PNUD qui eut à gérer le magot. Pour un petit pays comme le nôtre, l’organisation des élections est trop coûteuse par rapport à d’autres pays plus avancé économiquement. Je fais référence notamment aux élections du Brésil en 2010 dont le coût du vote valide était de 2,20 dollars US tandis que en Haïti, le coût de chaque vote valide était 20 fois plus supérieur au brésilien ; de l’ordre de 44,00 dollars US. Nous subissons le poids de cette dépendance économique dans le rôle que nous jouons dans la planification et même tout le long du déroulement du processus électoral. Lors de ces fameuses élections de 2010, nous avons eu des responsabilités qu’au niveau logistique. Généralement, celui qui finance tend toujours à commander, mais il ne faut jamais sous-estimer le people; c’est la force vive d’une nation. C’est en effet ce qui s’est passé lors de la tenue du deuxième tour des élections du 25 octobre 2015 fortement contestée. Malgré le comportement du CEP et du gouvernement en place une foule en liesse à fouler le macadam pour les forcer à faire retrait jusqu’à amener à la transition.

Ne sois pas surpris, je t’avais déjà parlé du caractère complexe des élections ici. Beaucoup de pays pauvres confrontent cette situation. Le tien a une belle longueur d’avance, c’est fabuleux pour vous. Mais vos gouvernements doivent nous laisser gravir certains étapes, notre démocratie a besoin d’être intégrée par nous tous. A cause de tout ce que vit Haïti, pour beaucoup, c’est un pays spécial. Je ne partage pas cet avis qui tend à nous isoler encore plus. Nous n’avons rien de spécial, j’admets que nous sommes en retard sur bien des points, nous sommes juste une jeune nation en quête de perspective qui a essayé et essaie malgré vents et marrée de se frayer un chemin pour assurer sa place dans l’histoire de l’humanité. L’éducation civique est un enjeu fondamental, à chaque élection c’est seulement une infirme partie de la population qui décide d’aller voter. Ce qui fait que le taux de participation varie par rapport au contexte, en 2006 il a été de 62%, 23 % en 2010 et en 2015 cela a baissé jusqu’à 18 %. Parfois, je me demande si normalement on peut parler de démocratie, de suffrage universel alors que la majorité de la population se trouve dans l’indifférence excessive en ce qui a trait à l’organisation politique de la société. Nos difficultés sont globales, nos moyens sont très peu mais il y a beaucoup de potentiel.

Après la journée du vote, ce n’est pas encore la fin de cette représentation scénique souvent dramatique. Les tirs d’armes à feu, l’incendie de bureau de vote, le bourrage d’urne sont quelques composantes de ce spectacle. Vient s’ajouter la publication des élections. Elles sont toujours contestées, la date prévue n’est jamais respectées. Les résultats font toujours l’objet de fraudes et de sérieuses irrégularités orchestrés par le gouvernement en place avec l’aide de la communauté internationale.

Je ne prétends pas épuiser ta question dans cette missive, j’ai juste abordé les aspects pertinents qui caractérisent la tenue des élections ici.

A bientôt !

Peterson Antenor


Un jeune haïtien distingué lors de la 13e Simulation de l’OMC à HEC Montréal

 Credit Photo : Ophélie Chambily Lors de la remise officielle du prix coup de coeur
Credit Photo : Ophélie Chambily
Lors de la remise officielle » du prix coup de Coeur »

Après Kenley TALMER ( 2015), c’est au tour de Steven LOUIS de recevoir le « prix coup de cœur » pour sa qualité oratoire et pour son respect au Décorum . Cet événement international s’est tenu à Montréal du 17 au mars 2016 .
Le jeune haïtien, Steeven LOUIS, 24 ans à peine, a séjourné à Montréal (Québec, Canada) où il a représenté valablement son pays, dans la 13e Simulation annuelle de l’Organisation Mondiale du Commerce tenue du 17 au 20 mars 2016.

Cet événement de l’OMC est une compétition universitaire internationale, organisée par la Société des Relations d’Affaires HEC Montréal. Cette année, la 13ème édition de la simulation s’est déroulée au Club Saint-James à Montréal. La simulation réunit près de 100 participants chaque année venant d’universités québécoises (ESG UQAM, HEC Montréal, Université de Montréal, etc.) et étrangères (Sciences Po Paris, Université de Lausanne, Université Saint-Joseph de Beyrouth, etc.). Il s’agit de la plus importante simulation francophone de l’OMC à ce jour.

C’est Cuba que le diplômé en Sciences Politiques de l’Institut Haïtien de Formation Politique a choisi de défendre à la simulation en raison du fait qu’Haïti a été déjà choisi par deux étudiants français. Lors de la simulation, les participants étaient amenés à débattre sur différents sujets de l’actualité économique, en défendant les intérêts commerciaux du pays, de l’organisation non gouvernementale ou du lobby qu’ils avaient choisi de représenter. Pendant cette édition, les délégations des pays membres de l’OMC ont débattu durant trois jours sur les barrières tarifaires et les accords du Tripps afin de limiter le poids de la crise sanitaire sur les populations.

Au terme de cette rencontre internationale, les meilleurs participants étaient récompensés; la meilleure délégation et le meilleur participant, qui se sont démarqués par leurs arguments et par leur talent d’orateur, s’est vus remettre des prix. En effet, l’étudiant en Psychologie à l’Université d’État d’Haïti, Steeven LOUIS, fait partie des meilleurs orateurs de la 13e édition de la Simulation de l’OMC et a reçu le « Prix Coup de Coeur » de la part du jury de la simulation.

Organisée par la Société de Relations d’Affaires d’HEC Montréal, la Simulation de l’OMC n’est pas seulement une compétition oratoire universitaire, mais c’est aussi l’occasion idéale, pour chaque étudiant participant, de relever un défi, d’élargir son savoir et son réseau professionnel. L’ancien Jeune-Député et Jeune-Ministre de la Culture et de la Communication au Parlement et au Gouvernement Jeunesse d’Haïti, a bien profité pour développer son réseautage.

En marge de cet événement, il a mené aussi une mission de consultation jeunesse à Montréal et à New-York pour l’Organisme Non Gouvernemental des Cercles Nationaux de Réflexion sur la Jeunesse (ONG CNRJ) dont il est membre volontaire et Chargé de Communication de la branche haïtienne. Son passage à Montréal lui a aussi permis d’accompagner la candidate pour la Mairie de Montréal-Nord pour l’équipe de Denis Coderre Christine Black, actuellement élue, pour une journée de porte-à-porte ; il a profité pour connaître la l’organisation et la gestion de campagne électorale à Montréal.

 

Texte : Peterson ANTENOR

Mondoblogueur RFI


Haiti: Tout un mythe autour de la PSYCHOLOGIE

Dernièrement, au cours d’une conversation j’ai remarqué un brusque changement d’attitude chez mon interlocuteur après l’avoir mis au courant que j’étudiais la psychologie. Elle me fuyait du regard et tout à coup elle me semblait aborder avec hésitation les sujets qu’on entamait. Je ne comprenais rien au départ. Comme cette modification brisait l’ambiance qui régnait autour de cette tête à tête, je lui en ai fait part de mon impression, afin d’être au courant de ce qui se passait. C’est alors là que je vais prendre connaissance de l’idée qu’elle s’est faite du psychologue à travers la façon dont généralement on les présentait.

Pour beaucoup d’entre nous, surtout ceux que la connaissance en ce domaine tarde à frapper leur intellect, d’un simple regard un PSY peut lire dans nos yeux et savoir tout ce qui se trame dans notre pensée, nos désirs et fantasmes, nos peurs et joies, la façon dont nous nous projetons dans l’avenir… D’autres pensent que cette science étudie la tête des gens et certains voient d’un d’œil stéréotypé les gens qui aillent voir un psychologue (ils disent parfois qu’ils sont fou). Il existe tout un ensemble d’histoire toute faite, mal faite, bourrée d’affabulation et d’ignorance autour de cette question. A quoi sert un Psychologue réellement ?

De nos jours, le psychologue intervient dans un champ immensément grand en même temps complexe; c’est pourquoi il s’inscrit dans une logique interdisciplinaire. Le psychologue selon l’article 3 du code de déontologie a pour mission fondamentale de faire reconnaitre et respecter la personne dans sa dimension psychique. Leurs interventions sont variées. Il peut aider à déterminer et alimenter certaines potentialités pour le développement personnel (Psychologie humaniste). Il peut aider à mettre à jour les conflits intérieurs (désirs inassouvis, phobie, anxiété…) qui nous empêchent de fonctionner dans nos activités. Si vous avez besoin d’avoir une explication sur ce qui est la base de vos changements de comportement dépendamment de l’ambiance social les théories de psychologie sociale peuvent vous être utiles. Vous avez besoin d’un guide, d’un orienteur pour vous diriger tout le long de vos choix d’étude ou de carrière professionnel aller trouver un psychologue en orientation. Votre enfant a des difficultés à l’école, il ne peut pas assimiler les leçons et manque de motivation, là un psychopédagogue fera l’affaire. Vous avez besoin de savoir si les processus synaptiques fonctionnement normalement, ce qui empêche la préservation des traces mnésiques alors là, je peux vous référé a une neuropsychologue.

Je sais qu’il n’existe pas encore en Haïti des professionnels dans quelques domaines que je viens de citer mais je pense que avec l’implication de nos jeunes psychologue cela arrivera dans un avenir très proche.

Peterson Anténor