Les réseaux socionumériques sont-ils révélateurs de déficiences affectives et psychologiques ?

Article : Les réseaux socionumériques sont-ils révélateurs de déficiences affectives et psychologiques ?
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7 juin 2018

Les réseaux socionumériques sont-ils révélateurs de déficiences affectives et psychologiques ?

L’on ne se lasse pas après des heures à surfer sur les réseaux socionumériques, temps fugace qui s’évapore sous nos yeux telle une étoile filante dans un ciel sombre. Et le temps, on n’en a jamais assez ces temps-ci. On se plaint de la vitesse à laquelle il défile devant nous. Insaisissable. Peut-être ce n’est qu’une illusion obstinément persistante, dans ce cas Einstein a raison. A chaque instant on vérifie les notifications de nos Smartphones, on ne veut absolument rien manqué. Notre génération s’est fait appeler « digital native » ; c’est une génération hyper connectée.

Les derniers progrès technologiques ont mis à notre disposition le monde défilant sur l’écran que l’on tient dans sa main. La terre n’est donc plus supportée par les bras géant d’Hercule. Scotcher derrière mon Smartphone, je découvre le monde qui est désormais à ma portée, sans visa de séjour ni billet, je rentre par la porte du virtuel. Le virtuel est à la fois fascinant et dangereux. En observant la conduite de mes amis du web, j’arrive à me demande si ce que nous postons sur nos murs et nos commentaires ne révèlent pas d’autres facettes de notre état affectif et psychologique ?

Loin de moi l’idée de « pathologiser » certains comportements de mes amis, l’idée c’est de considérer le virtuel comme lieu de croisement et de construction des « nouveaux rapports de sociabilité». A partir des tweets, des publications de photos, vidéos et autres il est possible de déceler les dessous d’une communication beaucoup plus complexe.

L’engouffrement dans l’espace virtuel

L’essence de l’homme est d’être virtuel, parce qu’il ne peut se satisfaire de sa réalité passa- gère Philippe Quéau

Le virtuel titille nos fantasmes, nos imaginations et illusions de toutes sortes. C’est un lieu de prédilection pour l’assouvissement des désirs les plus farfelus, un réel latent en attente d’actualisation. Aussi, il est un espace de liberté où les contraintes réelles sont moins présentes. Bastion de la transgression. Peut-être c’est ce qui explique cette facilité que nous avons à entrer en relation virtuellement avec une personne en arrivant même à franchir de manière prompte certaines sphères jadis intime. La vie privée se retrouve violenter et l’espace publique envahit. La société hypermoderne voit dans le virtuel le lieu de tous les possibles, tout le monde s’y engouffre.

Les publications, les tweets, les statuts peuvent être révélateurs

L’usager des réseaux sociaux laissent derrière lui des traces parfois indélébiles. Une vieille photo qu’on a partagée, une prise de position sur un sujet enflammant, un commentaire posté avec colère peut être avéré préjudiciable. Autre part, on parle déjà du droit à l’oubli c’est-à-dire la possibilité d’effacer les contenus publiés devenus indésirables. Une mesure qui permet de protéger l’identité numérique de certains ados, un droit à l’erreur. Les réseaux sociaux sont le miroir d’un monde où les frontières deviennent de plus en plus floues, « l’individu connecté » est à la fois acteur et spectateur derrière son écran où défilent la joie et l’amour, la tristesse et la peur, les turpitudes et l’angoisse du monde.

En fait, un tweet, une photo, un article partagé n’est jamais insignifiant pour la personne. Certains comportements sur les réseaux sociaux peuvent susciter l’admiration, d’autres la répugnance mais aussi il en existe qui peuvent avérer alarmant. Combien de nos amis à travers leurs publications de photos, les messages de leurs statuts whatsapp nous renvoient des signaux de leur état émotionnel. On n’a pas besoin d’être psychologue pour sentir ce genre de chose et aller vers l’autre.

Le suicide de l’agronome le mois d’avril dernier témoigne le côté alarmant de quelques publications sur les réseaux socio-numériques, ils disaient dans un post sur Facebook qu’il ne pourra pas tenir beaucoup face à la souffrance que lui infligeait son cancer de prostate. Est-ce qu’il a été compris et pris en charge par son entourage ? Je ne sais pas, je ne leur mets pas en cause aussi, ce sont juste des questions. Qu’il repose en paix. Mais entre-temps, peut-être que nous pouvons accorder beaucoup plus d’importance à certains signes qui nous arrivent de l’espace virtuel.

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