Le vaillant Eder Romeus

Article : Le vaillant Eder Romeus
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28 mai 2016

Le vaillant Eder Romeus

 

 

 

Un sourire attrayant accompagné d’une vivacité si rare et n’oublions pas cette positivité spirituelle. Ce sont selon moi cette triade qui caractérise ce tambourineur, peintre, producteur que j’ai eu la chance de croiser et d’être un ami proche. Eder ROMEUS a complètement dépassé sa paraplégie en dépit du fait que dans notre société l’intégration et l’accessibilité des personnes à besoins spéciaux reste une lutte qui est à ses débuts.

Originaire d’Arcachaie, la ville où s’est tenu le fameux congrès qui a donné naissance à l’adoption de notre drapeau. Eder ROMEUS est né d’une famille de 4 enfants dont il est l’ainé. A l’âge de trois(3) ans, il est atteint d’une dangereuse fièvre (polio) contre laquelle ses parents et lui se sont débattu avec courage. Malheureusement, cette maladie l’a laissé dans un état paralytique. Il a perdu l’usage de ses membres inférieurs. Depuis lors, sa situation fut un choc pour sa famille, car elle troublait le fonctionnement routinier de celle-ci. Son enfance a été très difficile, notamment au niveau des loisirs, il ne pouvait pas jouer librement les jeux auxquels jouaient les enfants de son âge. Sa vie scolaire était beaucoup plus dure parce qu’il était toujours pointé du doigt et mis à l’écart par ses camarades. Selon lui, son enfance était caractérisé par de forts troubles psychologiques caractérisés par des troubles de l’humeur et aussi des phases dépressifs.

Le support de son entourage, particulièrement celui de sa mère, a joué un rôle capital dans son intégration au sein des sphères de notre société généralement hostile aux personnes qui ont un handicap. Avec cette assistance, il s’est fait une très bonne représentation de lui-même, en prenant en compte ses diverses capacités et aptitudes ainsi que ses limites. Toute leur attention me dit-il a été des « boucliers aux diverses formes de discriminations et d’exclusions que je subissais à longueur de journée ». Dans les mauvaises situations il avait des gens sur qui il pouvait compter. Lorsque sa mère meurt brusquement en 2000, il crut qu’il ne pourrait plus survivre après cette perte. Elle était pour lui ses membres que la vie lui avait enlevé l’usage. La même année une grande tension familiale éclata, pour fuir quelques dangers, une de ses tantes l’emmenait vivre à Jacmel. Encore une fois, Eder s’est trouvé dans l’obligation de se faire une place au sein d’une nouvelle communauté. Après beaucoup de péripéties, il arrive à entamer une vie ordinaire. Aujourd’hui Jacmel est pour lui « sa ville adoptive ».
Arrivé dans la cité d’Alcibiade Pommayrac, Eder continu ses études classiques, malgré l’animosité de certains responsables d’établissement scolaire. Un d’entre eux l’a déclaré en plein salle de classe : « handicapé, t’as pas ta place ici ». Il a toutefois réussi à boucler son premier cycle scolaire. Parallèlement, il intègre diverses institutions de la ville parmi lesquelles : la FOSAJ (2005-2006) où il a appris la peinture, la croix rouge jeunesse, CLUVAR (Club des Amis Réunis), AJEP etc. Conscient des difficultés auxquels fait face la catégorie sociale à laquelle il appartient, accompagné de quelques amis il fonda en 2006 l’ACCENH (L’Action Commune pour l’Encadrement des Handicapés)

Cet organisme de défense des droits des personnes handicapés regroupe une centaine de membres et siège dans la ville de Jacmel. En partenariat avec d’autres organisations, l’ACCENH organise souvent plusieurs activités de types : socio-culturelle (Course sur chaise roulante), de promotion et l’intégration des personnes handicapés (Marche pacifique). Parmi ses institutions il y a : le Bureau du Secrétaire d’Etat aux Personnes Handicapé, RANIF, Handicap International, PAM, ATF etc. De plus, sur demande de certaines instances, une délégation de plusieurs membres a l’habitude de participer à Port au Prince dans des ateliers de réflexions, des colloques, séminaires de formation et assemblées générales qui concernent l’objectif visé par l’association.

Parallèlement à sa vie professionnelle au sein de l’ACCENH, il étudiait les sciences de l’informatique à Cainfo (2007-2010) à Port-au-Prince. Lors du tremblement de terre, il me dit que « J’ai été on ne peut plus surpris de voir tous ses morts à travers les rues, les maisons détruites en un clin d’œil. N’était-ce pas l’aide de quelques proches, je n‘imagine même pas dans quel chaos je me serais trouvé. » Après ce désastre, la vie quotidienne à Port au Prince n’était pas du tout agréable, c’est comme si la ville entière attendait l’heure apocalyptique. Comme la majorité des provinciaux, Togheter (l’un des surnoms que lui donnent ses amis) rentre aussi à Jacmel. En entreprenant des démarches auprès d’ONG, l’ACCENH arrive à participer à la distribution de matériels adaptés pour le déplacement de nouvelles personnes handicapées (ASZA), de kit alimentaire (PAM), kit hygiénique (ASZA). En outre, elle a commencé avec l’appui psychosocial pour quelques membres qui ont été traumatisés.
Eder Roméus occupe plusieurs fonctions dans sa vie sociale. Responsable d’association, il est aussi ; Artiste peintre, tambourineur, et maintenant il est à sa dernière année en production de musique à Audio Institut. Dans toute la ville, il est un exemple pour les personnes à mobilité réduite ainsi que les autres. Son dynamisme et son leadership lui confèrent beaucoup d’estimes. Il est actuellement membre du cartel de magistrat du parti politique VERITE qui a participé aux élections du 25 octobre 2015. L’histoire de sa vie et son combat ont poussé les étudiants de Ciné Institut de Jacmel à publier un documentaire cours métrage sur ce personnage, titré « le handicapé » et disponible à Haïti-Cinéma.

vie d’Eder ROMEUS et ses efforts de réalisations ont fait de lui un exemple palpable de jeune handicapé qui a réussi malgré les vents et marées à s’intégrer dans la vie sociale en dépassant son handicap. Ces démarches s’inscrivent dans une perspective de développement durable car il s’investit à changer le comportement des gens à l’égard des personnes en situation d’handicap. Il vise aussi à mettre en relief les problèmes d’accessibilité qu’ils confrontent. Et surtout à sensibiliser les institutions ou entreprises sur les aptitudes et capacités qu’ils ont pour travailler au sein de n’importe quelle institution.
Peterson Anténor

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Commentaires

Line
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Très beau travail de reportage. Eder doit être un modèle pour toutes les personnes à mobilité réduite, un modèle de persévérance, de courage.

Peterson Antenor
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En effet Line, c'est un vrai modele. Quelqu'un qui ne baisse jamais le bras. Je suis heureux d'etre son bon ami, j'apprends beaucoup pres de lui des personnes a mobilite reduite.